Xanax – Le film

Bientôt le printemps.

Aujourd’hui, alors que la météo semble avoir choppé une gastro, tentons de retrouver le sourire en parlant d’un film. Un « feel good movie », comme ils l’appellent de l’autre côté de l’Atlantique, ce qui se traduit par un « film qui te fait se sentir bien ». Non, pas tout à fait comme un film porno. Le qualificatif s’applique souvent à des comédies, parfois romantiques ou légèrement dramatiques… Leur particularité : remonter le moral des spectateurs, lui transmettre de l’énergie par le rire. Pour vous situer, il s’agit de l’exact inverse des Bronzés 3.

Le concept de feel good movie correspond d’ailleurs assez bien aux besoins des français qui sont, c’est bien connu, premiers consommateurs d’antidépresseurs au monde, qui plus est après une cérémonie des César aussi calamiteuse. A présent, plongeons nous dans…

xanax

Non.

Happiness Therapy, de David O’ Russel

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Sauvagement re-retraduit en France, le titre original du film, « Silver Linings Playbook » évoque les « Rayons de soleil, éclaircies » du grand tumulte de la vie, qui boostent le moral et aident à repartir de l’avant, un peu comme le générique de fin d’Astérix aux Jeux Olympiques.

Le film est adapté du roman de Matthew Quick, et a remporté un succès à la fois critique et public aux États-Unis à sa sortie l’année dernière. Quatre de ses acteurs ont même été nominés aux Oscars pour le film : Bradley Cooper, Robert De Niro, Jacki Weaver et Jennifer Lawrence, cette dernière l’a d’ailleurs remporté face entre autres à Jessica Chastain.

Après que sa femme Nikki l’ait trompé, Pat Solatano a été interné en hôpital psychiatrique en pleine dépression. Diagnostiqué bipolaire, il a perdu son travail et son épouse. Aujourd’hui, il est sorti, prêt à reconstruire sa vie et son couple malgré l’interdiction d’approcher Nikki. Rongé par le désir de tout reprendre comme avant et la pression de son père pour qui les paris sportifs sont devenu la seule source de revenu, Pat va faire la rencontre de Tiffany. Elle aussi à un tournant de sa vie, ils vont  apprendre ensemble que l’espoir peut prendre bien des formes.

C’est sur ce synopsis à première vue classique que Happiness Therapy déroule sa narration dont la plus grande qualité est de s’intéresser avant tout aux personnages. Pat est bien le protagoniste central de l’histoire, mais à aucun moment le film n’oublie les personnalités, émotions et sentiments de ceux qui l’entourent. Les personnages secondaires sont traités intelligemment et on suit leurs interactions avec intérêt, Cooper et Lawrence n’étant pas ici les uniques vedettes.

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Et pourtant il aurait pu en être différemment, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence dévoilant leurs talents de composition avec un grand naturel et une aisance qui fluidifie le sujet parfois pesant (dépression, ruptures, mensonges, famille, etc…). C’est ce qui déstabilise de prime abord. Vous noterez d’ailleurs que « abord » n’a rien à voir avec « babord », qui correspond à la GAUCHE, j’ai retenu ça dès que je l’ai su, pourquoi tout le monde confond ? Happiness Therapy ne commence pas comme une comédie légère, elle est d’abord embrumée dans une ambiance chaotique, l’orage est palpable alors que Pat comprend qu’en son absence la vie a suivi son cours. Mais l’atmosphère s’éclaircit (le film porte bien son titre) au fur et à mesure et réchauffe le cœur lorsqu’elle se termine.

La réalisation de David O Russel rend l’histoire immersive, une qualité rare pour le genre, bien que certains plans nerveux puissent distancer le spectateur dans sa perception de l’action. Happiness Therapy n’est pas en somme dans sa mise en scène, à l’image de la maturité de son scénario, qui va rassembler des éléments romantiques ou dramatiques pour former un tout cohérent.

C’est dans cette optique que les acteurs peuvent exprimer leur potentiel avec intensité. Bradley Cooper étonne en maniaco-dépressif et donne la réplique à l’excellente Jennifer Lawrence qui apporte de la nuance à la complexée Tiffany. Robert de Niro est logiquement le second rôle le plus marquant du casting, malgré la personnalité difficile du père de Pat, finalement autant en reconstruction que son fils, bien qu’à une échelle différente.  La pléthore (le monceau, le tas quoi, espèce d’illettré) d’acteurs qui complète cette ribambelle de personnage est tout aussi talentueuse, de Jacki Weaver à Anupam Kher… On aurait tort de l’oublier.

La réalisation technique du film est honnête, sans être transcendante. L’équipe n’a pas cherché à marquer particulièrement le coup sur le plan visuel ou auditif, mais est-ce bien pertinent de considérer ce manque comme une vraie lacune..?

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Finalement, la faiblesse d’Happiness Therapy se trouverait presque dans la facilité avec laquelle il raconte une histoire qui se finit joliment, puisque la surprise n’est pas au rendez-vous. La prévisibilité des évènements suscite un sentiment de déjà-vu en fin de parcours malgré l’émotion procurée, qui  est d’ailleurs loin d’être relayée au second plan.

Il serait dommage d’en dévoiler trop, le film ne manquant pas vraiment de surprises capable de donner de l’épaisseur au récit. Celui-ci finit par faire du combat contre la dépression un miroir de performances sportives ou artistiques, procédé malin qui contribue à donner une seconde nature au film, au-delà du simple portrait qu’il aurait pu être.

EN RÉSUMÉ :

geniaaaaaaal

  • La mise en scène de David O’Russel est immersive et sublime les scènes finales
  • Les acteurs excellent quelle que soit l’envergure de leur rôle, le trio Cooper-Lawrence-De Niro étant bien sûr en tête.
  • Les personnages sont dans l’ensemble bien écrits et on prend plaisir à les suivre.
  • La direction technique est honnête, les ambiances visuelles et auditives du film sont cohérentes.
  • Un « feel good movie » dans toute sa chaleur humaine.

moinsgénial

  • Le ton du film, éloigné des traditions de la comédie romantique, peut dérouter.
  • Autre point qui déstabilise : le caractère sérieux des sujets abordés, même s’ils contribuent à l’effet « feel good ».
  • La prévisibilité de certaines situations et aussi la logique du final déçoivent, bien qu’il aurait été difficile de faire différemment.

verdict

14,76/20

Happiness Therapy est une comédie plus modeste qu’on pourrait le penser après les échos si positifs outre-Atlantique et la victoire de Jennifer Lawrence aux Oscars, mais elle n’en reste pas moins très appréciable. Si le film a ses faiblesses, son casting et son histoire atypique séduisent à bien des égards et l’on passe un bon moment en compagnie de Pat et Tiffany. Leur combat contre la dépression donne le sourire, et c’est bien là l’objectif atteint de ce « feel good movie ». A voir !

Pour votre santé, pensez à pratiquer une activité physique régulière sans grignoter vos cinq fruits et légumes par jours qui ne seront pas trop gras, sucrés ou salés et n’oubliez pas d’aller voter. Sécurité Routière, tous responsables.

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