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Aujourd’hui, une conférence ultrasecrète d’Apple à laquelle bien peu d’élus ont pu assister s’est tenue à Disneyland California. Plus précisément dans le château de la Belle au bois dormant, nouveau quartier général officiel des Avengers depuis le rachat de la branche cinématographique de Marvel par Disney. Ce congrès inattendu a été l’occasion pour la firme de feu Steve Jobs de présenter le nouveau produit phare qui inondera sans aucun doute le marché lors de sa sortie, annoncée pour demain. Retours exclusifs sur ce qui pourrait bien être nouvelle révolution. iRonman3

Stupeur générale, le partenariat entre Marvel et Apple initié en 2008 pour la sortie de l’iRonman et prolongé en 2010 avec l’iRonman 2 (qui en avait pourtant déçu plus d’un, avec la fameuse application sponsorisée par Mickey Rourke) se poursuit pour la troisième fois. Encore confidentielles, les améliorations apportées au produit ne manqueront pas de « faire oublier cette c**ner*e d’iRonman 2 d’mes c***lles », comme le promet l’hologramme de Steve Jobs, largement censuré, qui en profite aussi pour rappeler la sortie le même jour du nouveau film Marvel Studios, qui va nous intéresser ici. Place à…

Iron Man 3 par Shane Black

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L’Univers Marvel au cinéma (le MCU, amis anglophones que vous êtes) a connu avec Avengers une conclusion épique à sa phase 1. Soit 6 films menant à la réunion d’individus exceptionnels en une équipe prête à défendre la Terre des pires menaces. En 4 ans, les spectateurs ont pu assister à la genèse et à l’ascension de ces héros aux personnalités éloignées mais tous voués à unir leurs forces. C’est une bataille dantesque contre les troupes extraterrestres aux desseins conquérants qui a constitué l’une des scènes d’action les plus mémorables de ces dernières années, point d’orgue culminant du succès critique et public d’envergure qu’est le 6ème film estampillé Marvel Studios. Mais après cette victoire, il restait encore à la Maison aux Idées (le nom donné à Marvel, amis puristes que vous êtes) de prouver qu’elle était encore capable de raconter des histoires dignes d’intérêt ne mettant en scène qu’un seul héros plutôt que tout une team (équipe, amis fans de Pokémon que vous êtes). La première réponse apportée s’appelle donc Iron Man 3.

Si Iron Man premier du nom avait séduit en décrivant intelligemment la naissance du vengeur doré, c’était beaucoup moins le cas d’Iron Man 2, la faute à un script brusqué qui avait tendance à privilégier une avalanche d’effets spéciaux et de guests en forme de grande bande-annonce à Avengers plutôt qu’à s’attacher à ses personnages et à leur psychologie, Tony Stark au premier plan. Ce troisième épisode hérite d’un nouveau réalisateur, Shane Black, à l’œuvre derrière la caméra sur Kiss Kiss Bang Bang ou au scénario sur L’Arme Fatale. Il succède à Jon Favreau et d’emblée, le changement est palpable. L’ambiance d’Iron Man 3 est bien différente de celle de ses prédécesseurs. Black décomplexe son film à l’extrême en le truffant de bombes humoristiques. Fous-rires en cascades, depuis son ouverture, à des kilomètres de la sombre introduction soviétique d’Iron Man 2, jusqu’à sa conclusion (et son après générique, revenons sur celui-ci plus tard)… Il en en résulte le chapitre le plus drôle de la trilogie, assumant pleinement son patrimoine de divertissement sur-vitaminé et pop (références culturelles en nombres). La rhétorique de Stark est boostée par le comique des situations et le génie des prestations de seconds-rôles (revenons-y plus tard, là aussi)… Le film parvient en tournant ses figures intouchables en dérision à garder ses distances avec le premier degré parfois lourd pour le genre, le même qui fait passer la délicieuse prestation d’Edith Piaf dans The Dark Knight Rises pour du toc, saperlotte. Le très salvateur second-degré d’Iron Man 3 se vit comme si Marvel giflait son rival DC comics et ses mastodontes The Dark Knight et Man of Steel (sortie en juin prochain) pour les ramener à une réalité souvent négligée, la prééminence du fun dans un comic book movie.

A ce moment de l’article, vous constaterez que j’ai ‘oublié’ de vous présenter le synopsis d’Iron Man 3, impatients que vous êtes de redécouvrir le synopsis Allociné vulgairement copié-collé ou réinterprété à ma façon dans ces colonnes. Loin de moi l’idée de faire ma Britney Spears (PARCE QUE « OOPS I DID IT AGAIN » ! VOUS AVIEZ COMPRIS ????), le but étant ici de préserver un maximum l’effet de surprise du scénario le plus audacieux de tout le MCU.

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En effet, sans toutefois aucun rapport avec le dernier Alain Resnais, on pourrait crachoter un solennel « Vous n’avez encore rien vu » au visage des fans qui se plaignent d’une campagne promo trop ostentatoire. Comment leur jeter la pierre ? Spécialement au vu du nombre de bandes annonces, spots TV, affiches et autres images du long-métrage que Marvel n’a pas hésité à dévoiler. Mais alors que l’on croyait déjà tout savoir d’Iron Man 3, Shane Black accomplit le tour de force de réaliser le film le plus étonnant de la saga. Doté d’une histoire simple mais pas simpliste, son Iron Man agit à rebours de ce que ses multiples aperçus nous ont vendu, et il serait criminel de ma part de ne pas vous en laisser le plaisir de la découverte. CQFD (Ce Qu’il Fallait Découvrir, amis mathématiciens que vous êtes).

Il m’appartient en revanche de prévenir les comics-maniacs qui me lisent. Si Iron Man 3 atteint des sommets de cohérence et de construction narrative inédits pour un film Marvel, c’est au sacrifice de son matériau de base. Shane Black s’est très clairement détaché de ce que l’on avait cru qu’il adaptait. Tous ses choix scénaristiques, même les plus audacieux, se justifient dans son récit, il est objectivement insensé de le contester. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que Black se moque du fan-service traditionnel. J’irai même jusqu’à dire qu’il urine plus consciencieusement qu’un cocker sur  leurs expectatives, et ce à bien des égards. D’abord parce que le film rassemble davantage des influences propres aux comics, plus qu’il ne les traduit à l’écran (gare aux très mauvaises surprises pour l’un des retournements de situation les moins attendus de l’histoire du genre). Mais aussi parce que Black brise les traditions Marvel les plus imperturbables. Absence apparente d’easter-eggs, ces petits détails qui ne parlent qu’aux fans. Caméo insignifiant pour Stan Lee, l’illustre créateur d’Iron Man… Le film se termine en outre par une séquence post-générique divertissante mais dont les liens avec les productions à venir est bien mince…

Oui, les fans risquent de toute évidence une grande déception et il me tarde de jauger leurs réactions face à ce qui m’apparait comme le futur film super-héroïque le plus polémique de ces dernières années. Car passé outre ces débats geeks et toutes proportions gardées, difficile de reprocher grand-chose de vraiment vilain à ce blockbuster d’action explosif qui jongle avec brio entre comédie d’influence buddy movie des 80s et thriller à gros budget, tout en cassant les codes de sa propre franchise pour mieux lui déclarer sa flamme.

IRON MAN 3

Robert Downey Jr. excelle une fois de plus dans la peau de ce milliardaire de génie, ramené pour l’occasion à ce qui fait de lui un véritable héros : son intelligence réactive et efficace. Le savoir-faire d’Iron Man 3 se trouve dans son rejet implicite de l’individualisme de son rôle principal ; Stark et son alter-ego devront ainsi compter sur Pepper Potts, incarnée avec un peu plus de panache que d’ordinaire par Gwyneth Paltrow, le lieutenant-colonel James Rhodes devenu un Iron Patriot sous-employé, encore une fois agréablement interprété par Don Cheadle ; mais aussi Happy Hogan à qui Jon Favreau, réalisateur des deux premiers films de la saga, prête ses traits ; ainsi que Harvey, joué par Ty Simpkins, un jeune garçon qui deviendra le sidekick de fortune du playboy philanthrope ; une relation de complicité développée sans vrai clichés, l’ego de Stark ayant tendance à faire des ravages.

La flopée de nouveaux personnages ne manque pas d’ambigüité puisque se greffent au casting la talentueuse mais ici transparente Rebecca Hall dans le rôle de Maya Hansen, une scientifique menant un projet baptisé Extremis et dont les effets sur l’Homme vont être convoités par le personnage de Guy Pearce, très bon en Aldrich Killian, et par celui de Ben Kingsley, le terroriste d’envergure internationale connu comme Le Mandarin que l’acteur Anglais incarne vraiment à la perfection. Des protagonistes énigmatiques qui pourraient bien surprendre les plus sceptiques.

Artistiquement, le film se tient ; la BO de Brian Tyler est bien tournée mais trop effacée derrière une mise en scène et une image remarquablement travaillée. Iron Man 3 n’essaie finalement pas de se mesurer à la grandiloquence d’Avengers mais plonge chacun au cœur de l’action (le très impressionnant sauvetage d’Air Force One), tout en distillant ses morceaux de bravoure ailleurs que dans les pugilats de robots… A ce titre, la débrouillardise de Tony Stark fait date et laisse respirer dans cet univers de tôle froissée qu’aucun Transformers ne saurait renier.

geniaaaaaaal

  • Un scénario plutôt complexe, bien plus proche de ses personnages que de coutume et bourré de twists vraiment inattendus.
  • Un humour omniprésent et pas unidimensionnel, pluie de références et de punchlines nourries d’une bonne dose d’auto-dérision bienvenue.
  • Du vrai spectacle maitrisé et sans surplus.
  • Robert Downey Jr, Guy Pearce et Ben Kingsley.
  • De bonnes idées qui recyclent vraiment la saga, d’autres qui l’honorent (réplique de fin, caméo du début).
  • Un discours sur l’Amérique d’arrière-plan souvent malin à défaut d’être vraiment consistant.

moinsgénial

  • Une lenteur au démarrage et quelques brefs coups de mous.
  • Pas de réel travail d’adaptation : des choix qui sont ce qu’ils sont mais qui risquent de fâcher plus d’un fan… Il y aura autant de conquis que de déçus.
  • De  légères incohérences et zones d’ombres.
  • Des personnages parfois littéralement « secondaires », d’autres en sous-régime.

verdict

16,88/20

L’audace rare dont fait preuve Iron Man 3 va faire mourir de nombreux claviers (et pourquoi pas couler beaucoup d’encre, oui, aussi). Le bûcher que lui réserveront sans nul doute les hordes d’intransigeants est légitime. Mais dans le choix de Marvel de multiplier les fausses pistes, on peut choisir de voir une trahison difficilement pardonnable ou bien un coup de génie à l’heure où la concurrence peine à garder ses tournages et ses films secrets (coucou Batman). Iron Man 3 possède des qualités cinématographiques qui en font un objet de divertissement de grande qualité, spectacle explosif et hilarant dans le même temps, n’ayant autre prétention que celle d’un excellent moment pop-corn…  Et c’est un fan d’Iron Man et de son univers qui vous l’dit.

Aucun iRonman S n’est en préparation.

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